Oleg Romaniuk a 36 ans, il est infirmier de formation, mais ce dernier temps il a travaillé dans la cuisine d’un restaurant. Oleg vient de la région de Louhansk. 15 kilomètres séparaient son ancienne maison de la ligne de démarcation existante avant l’offensive à grande échelle de la Russie. Actuellement, Oleg vit à Kharkiv. Le 24 février 2022, à 5 heures du matin, il s’est réveillé au son familier des explosions.
« Je sais différencier le son des armes : les obus d’artillerie et les mines sifflent à l’approche, les « Grad » bourdonnent, les « Smerch » rappellent un bruissement. Les missiles et les bombes aériennes ne sont pas audibles, donc c’est une question de chance. Si vous entendez un bref coup sans écho, c’est la défense aérienne. Je ne m’attendais pas à entendre de tels sons à Kharkiv, mais j’ai tout de suite compris quoi faire. Je me suis levé et j’ai calmement préparé un réserve de l’eau lorsqu’il y avait encore l’approvisionnement, j’ai allumé la machine à laver, j’ai vérifié ce qui me manquait dont j’avais besoin d’acheter », explique Oleg.
Il n’avait pas l’intention de quitter Kharkiv ni même de préparer un sac à dos d’urgence.
« Si j’avais un enfant, je penserais à envoyer ma famille d’ici le plus loin possible. Mais je vis seule, je n’ai pas d’enfants et je n’ai même pas pensé à partir. Fuir maintenant, c’est fuir toute sa vie. J’ai déjà perdu ma maison là-bas, je dois encore fuir d’ici – pour aller où ? Il faut se défendre, faire quelque chose », dit Oleg.
En février 2014, alors que les affrontements se poursuivaient dans les régions de l’Est de l’Ukraine, Oleg et ses collègues ont organisé un centre médical à l’Administration régionale de Kharkiv. Cette année, il a un déjà vu : il travaille à nouveau au centre médical de l’Administration régionale. Le 1er mars, lorsqu’une roquette russe a percuté le bâtiment, Oleg se préparait pour prendre la relève.
Il ne sait toujours pas où son centre médical continuera à fonctionner, mais Oleg ne va pas arrêter de faire du bénévolat. Il est agréablement surpris par la cohésion et l’auto-organisation des gens, tant parmi les bénévoles que dans la défense territoriale. Il trouve un soutien dans la communication, même lorsqu’il reste seul chez lui, il garde des contacts avec des amis et des proches dans toute l’Ukraine.
Oleg vit dans un maison privé, il utilise le rez-de-chaussée avec les fenêtres barricadées en tant que abri, le métro et la gare se trouvent à 7-10 minutes. Il dit que son district a de la chance car il n’y a eu aucun tir de missile à proximité. Et même tous les soldats russes qui couraient à proximité pendant les combats de rue y ont été capturés.
Les proches d’Oleg vivent dans les territoires occupés, dans la soi-disant « RPL ». Dans les premiers jours de l’offensive russe à grande échelle, il y a avait de terribles batailles dans la région de Louhansk. Des villes entières – comme Chtchastia – ont été presque rayées de la surface de la Terre. Oleg a suffisamment de raisons d’être anxieux. Pourtant, il est convaincu que malgré toutes les victimes et les destructions, la guerre se terminera par la victoire de l’Ukraine.
« Je rêve que tout se termine le plus tôt possible, mais pour que nous recouperont tous nos territoires. Et pour que ce salopard paie la reconstruction de nos villes. Que dans quelques années l’Ukraine aura l’air bien meilleure qu’avant la guerre ».