Illustrated by Katia Didyk
Aliona, son mari et sa fille Ieva habitent à Zaporizhzhia. En temps de paix, elle travaillait comme spécialiste du marchandisage. Dans le cadre de son travail, elle visitait des points de vente et beaucoup communiquait avec les gens. Aliona ne croyait pas qu’une guerre puisse commencer au XXIe siècle.
Des alertes aériennes sonnaient à Zaporizhzhia nuit et jour. On entendait des explosions. Des postes de contrôle ont été aménagés dans les rues. « Il y avait des explosions à la Haute Khortytsia (une localité à Zaporizhzhia), nous avions peur, nous l’avions entendu et vu. La sirène d’alarme s’est déclenchée quand nous étions dans la rue. En courant à l’abri, on a vu une explosion », se souvient la femme. Depuis le début de la guerre, toute sa famille se cachait dans un abri anti-aérien aménagé dans une école. Parfois ils restaient chez eux pendant les bombardements.
Aliona et Ieva ont quitté Zaporizhzhia le septième jour de la guerre. C’est son mari qui avait insisté parce qu’il s’inquiétait pour leur fille. En outre, la famille se doutait qu’on pouvait bloquer ou faire exploser les ponts à travers le fleuve de Dnipro. Pour quitter la ville, Aliona a dû justement traverser deux ponts.
« Nous voulions rester, nous voulions être tous ensemble avec la famille, avec les parents. Mais mon mari nous a envoyés à Lviv où c’est plus sécurisé », explique Aliona.
« Bien évidemment, j’ai mal au cœur pour mon mari, mes proches, ma ville. Mais mon enfant ne pouvait pas se reposer normalement à Zaporizhzhia, elle avait besoin de se détendre un peu. Elle n’a que huit ans, elle est élève en deuxième année d’école ».
Dans les embouteillages sur la route à la gare, Aliona et sa fille craignaient qu’il ne ait pas de train d’évacuation. Il y avait énormément de gens comme elles à la gare. D’abord, elles devaient passer par Kryvyi Rih, mais le train était comblé et on les a redirigées vers un autre reliant Zaporizhzhia à Lviv. La route a pris 24 heures.
Maintenant, Aliona et sa fille se trouvent dans un asile aménagé par des bénévoles dans un club sportif à Lviv. C’est là-bas que la femme a enfin réussi de se sentir en sécurité et de bien dormir la première fois depuis le début de la guerre.
Le bagage des filles est tout petit comprenant une sacoche et un sac à dos où elles ont mis leurs papiers et quelques affaires. Une amie, qui y était venue plus tôt avec ses trois enfants, les a aidé à trouver cet asile. Actuellement, la journée d’Aliona et de sa fille Ieva se déroule comme suit : elles restent dans l’asile, font connaissance aux autres réfugiés et se promènent un peu dans les rues.
Le mari d’Aliona fait du bénévolat à Zaporizhzhia, il aide à rendre un hôpital plus sécurisé dans les conditions de la guerre. Les bénévoles scellaient les fenêtres et remplissaient les sacs de sable pour obstruer des passages.
Aliona ne fait pas de projets et ne sait pas dans quelle direction aller. C’est la présence de son enfant près d’elle qui l’aide à supporter la situation. La femme avoue : « Je suis partie uniquement pour ma fille, pour qu’elle soit au calme et ne voie pas tout cela, n’entende pas les sirènes tout le temps. Sinon je serais restée à Zaporizhzhia, c’est ma ville natale, c’est mon domicile».