Photo par Katya Moskalyuk
Nadiia est fonctionnaire à Kyiv. Le soir du 23 février, elle est allée avec sa famille au Théâtre de Podil. Ils ont regardé une pièce basée sur les œuvres de Boulgakov. Elle est rentrée tard, elle avait beaucoup de travail en cours, alors elle s’est endormie après minuit. A 5h du matin, elle s’est réveillée à cause des explosions. Durant la première nuit de guerre, la famille a dormi à la maison. Mais le lendemain, l’épave d’un missile russe a frappé une maison de la rue Kochitsia, à deux maisons de chez Nadiia. Ils sont allés passer la nuit à l’école, au sous-sol. Lorsque le couvre-feu a été décrété dans la ville pour un jour et demi, ils sont restés cachés tout le temps.
«D’abord, nous n’avions pas l’intention de partir, explique Nadiia, mais ensuite, des proches ont proposé de partir pour Lviv. Nous avons fait nos valises en deux heures… nous avons l’expérience de la randonnée. J’ai jeté de l’argent dans ma valise, j’ai emballé mes affaires, j’ai pris une clé USB avec des photos de ma famille.»
Ils ont décidé de prendre le train intercité à grande vitesse. Elle raconte: «Quand le train est parti, quelque chose ressemblant à un obus a volé dans notre direction, presque dans la fenêtre. L’onde de choc a secoué le train et les gens ont littéralement dit adieu à la vie.»
Le voyage en train a pris cinq heures de plus que d’habitude. Ils sont arrivés à la gare de Lviv mardi matin. Nadiia était accompagnée de sa fille Yelysaveta et de ses frères aînés. Ils ont 22 ans et ne peuvent plus traverser la frontière, les hommes en âge de conscription n’ont pas le droit de partir.
«Nous ne savons pas ce que nous allons faire ensuite. Ce jour-là, je n’ai pas dormi du tout, je ne peux pas me concentrer ni prendre de décisions.»
Maintenant, Nadiya et sa fille vivent dans un théâtre: le Théâtre de Les Kourbas à Lviv est un refuge. L’enfant se réjouit, «tantôt à l’école, tantôt au théâtre…c’est beau.»
«La décision de quitter Kyiv a été difficile. Je ne me suis pas encore tout à fait remise. Mais j’ai dû mettre mon enfant en sûrté.»
Nadiia a sa mère qui habite à Kherson. Maintenant, la ville est bombardée tout le temps par l’armée russe mais la ville tient et reste sous le drapeau ukrainien. «J’espère seulement que ma mère est loin des endroits les plus chauds de Kherson et reste à la maison pour l’instant», dit la femme.